lundi 23 mai 2011

fleurs et jardins dans la poésie andalouse chantée


Le dernier ouvrage « fleurs et jardins dans la poésie andalouse chantée » est l’œuvre de la belle plume du Dr Benbabaali et la fabuleuse voix de la chanteuse Beihdja Rahal : c’est une merveille.
Médéa : Le professeur Saadane Benbabaali sur les traces de l’érudit Docteur Bencheneb.

C’est dans une salle pleine à craquer de monde que Saadane Benbabaali, professeur à la Sorbonne (Paris) a donné récemment une conférence enrichissante et instructive sur un genre poétique appelé “muwashshah”. Il a présenté à cette occasion son deuxième ouvrage « fleurs et jardins dans la poésie andalouse chantée » et traité divers sujets autour du thème de l’amour chez les poètes andalous. Il a développé ce sujet en montrant le bonheur, la beauté, et les sentiments les plus nobles qui résident dans cette poésie connue chez nous grâce à ce qu’on appelle la musique arabo-andalouse.
L’auteur a envoûté tous les auditeurs présents dans la salle qui, sans hésitation, se sont embarqués avec lui pour un long voyage dans le temps et l’espace vers un éden terrestre.
Rien ne pouvait résister à des paroles qui n’évoquent ni la guerre, ni la mort, mais sont un hymne poétique et floral à l’amour et à la joie de vivre. Au cours de cette rencontre il a manifesté son immense plaisir de communiquer et sa grande joie à transmettre aux générations futures ce précieux héritage poétique et musical qui nous a été légué par nos ancêtres andalous. Ces glorieux conquérants de l’Andalousie (de 711à 1492) ont donné au monde entier une civilisation brillante et raffinée.
L’enfant de Médéa dont l’amour pour sa patrie coule dans ses veines, est revenu sur les lieux de son enfance pour se ressourcer et revivre des moments inoubliables dans sa ville natale. La nostalgie se lisait sur son visage et se sentait dans ses paroles. Dans cette atmosphère conviviale et familière, il s’est parfois laissé aller à raconter des anecdotes de son adolescence. Il a surtout évoqué avec émotion ses camarades qui ont quitté ce monde et rendu un hommage appuyé à ses anciens professeurs aujourd’hui disparus.
L’émotion était très grande de revoir, après une trentaine d’années d’exil, les visages familiers d’anciens camarades de lycée et de l’école primaire. Malgré les rides et les cheveux grisonnants, les traits de l’enfance étaient toujours là, identifiables ainsi comme les souvenirs de l’adolescence qui ne peuvent s’effacer même si on est devenu un grand intellectuel en France.
Orphelin de père à l’âge de 6 ans, Saadane, a réussi grâce à une volonté de fer à atteindre les sommets auxquels il rêvait depuis son enfance. Il est devenu un conférencier international bien connu dans les capitales d’Europe et du Monde arabe en plus de son pays d’origine. Il est invité périodiquement pour parler de sa spécialité (la littérature andalouse) dans les universités de Paris, de Londres, de Lisbonne, de Grenade ou de Damas. Son parcours prestigieux est envié par beaucoup de jeunes qui ont une fascination pour le savoir.
Né en 1948 à Ain Dhahab, près de Médéa, il a obtenu sa licence à la faculté de lettres d’Alger en 1971 où il a professé également avant d’accomplir son service national puis d’enseigner à l’École des cadets de la Révolution de Koléa. Il va ensuite en France poursuivre ses études doctorales à l’université de la Sorbonne à Paris. Le hasard faisant bien les choses, le premier texte qu’il eut entre les mains, au moment d’entamer sa thèse sur “le muwashshah andalou”, fut un article rédigé par le grand savant au palmarès prestigieux, Mohamed Bencheneb, lui aussi natif de Takbou un quartier proche de celui où est né Saadane Benbabaali.
Nous nous arrêtons ici pour lui céder la parole pour qu’il nous donne un aperçu succinct, sur ses recherches, ses publications, et ses projets littéraires en Algérie en exclusivité pour les lecteurs du journal El Watan.
“ C’est à Médéa que l’essentiel de ma personnalité a été forgé. C’est au milieu des paysages uniques de cette cité millénaire que mon amour de la nature et mon goût pour les études sont nés. Le Ciel a placé sur mon chemin des hommes d’une grande générosité et d’une compétence extraordinaires: Si Hassan Zémirline et Si Abderezzak Benterkia. Ces deux maîtres m’ont inculqué l’amour de la langue arabe et du savoir.
J’ai commencé mes études universitaires à l’École Normale Supérieure de Vieux-Kouba (Alger). Après avoir obtenu une licence de lettres françaises modernes à l’Université d’Alger, j’y ai exercé une année avant d’accomplir mon service national. J’ai été ensuite nommé comme professeur à l’École des Cadets de Koléa où j’ai enseigné durant deux ans avant de partir en France.
À Paris, j’ai commencé un doctorat en sciences de l’éducation à la Sorbonne avant de changer de spécialité et de m’inscrire pour une thèse sur la poésie andalouse. J’ai alors utilisé le savoir qui m’a été transmis à Médéa pour étudier des textes arabes classiques et me présenter au Concours de l’Agrégation. J’ai exercé dans plusieurs grandes institutions parisiennes dont l’École Supérieure d’Interprètes et traducteurs, l’École Supérieure de Commerce, l’École des Cadres avant de me fixer à l’Université de la Sorbonne Nouvelle depuis 1997.
Ma principale tâche a été d’enseigner la langue et la littérature arabes à des étudiants aussi bien français que maghrébins ou venus du Moyen-Orient. Je dirige actuellement la section d’études arabes à Paris 3 et je parcours les capitales européennes pour parler de la poésie et de la musique andalouses. Mais ma plus grande joie est d’avoir pu publier dans mon pays d’origine deux ouvrages en collaboration avec la grande chanteuse Beihdja Rahal: La Plume, la voix et le le Plectre (2008, Barzakh) et dernièrement, La joie des âmes dans les Paradis andalous (ANEP, Nov. 2010). J’ai aussi établi un contrat bilatéral entre l’Université d’Alger et la Sorbonne pour des conférences et séminaires communs.
Amateur de musique andalouse, j’ai pratiqué cet art et depuis plus de 20 ans je soutiens les associations et les interprètes de ce patrimoine universel en France et en Algérie.
Parmi mes publications, je citerai
Nous sommes tous des idolâtres, avec P. Levy et B. Ginisty, Bayard, Paris, 1993.
Les poètes soufis et l'art du tawshih, Paris, 2002.
Nawba andalouse et cantigas de Santa Maria, Faro (Portugal), 2003.
Love and drunkennes in the muwashshah as sung in the Maghreb, Londres, 2005.
Images, symboles et métaphores dans les muwashshahât d'Ibn 'Arabî, Damas, 2006
Ibn al-Khatib et l'art du tawshih, Grenade, Espagne, 2006
Le muwashshah : Persistance et évolution d'un genre poétique, Paris 2007.
Abû al-Fath al-iskandarî, poète et marginal dans les Maqâmât d'al-Hamadhânî, Paris, 2010
Enfin je suis en train de préparer la traduction en français de l’ensemble des textes andalous chantés
au Maghreb comme je suis engagé dans une recherche collective sur L'image de la guerre d'Algérie dans la poésie arabe algérienne.
Je prépare également un 3e ouvrage avec Beihdja Rahal et surtout un récit autobiographique sur mes années d’enfance et d’adolescence à Médéa : Blad El Berkani ou le Retour au Paradis perdu.Je publie par ailleurs régulièrement des articles liés à la littérature et la culture arabes dans mon Blog qui a de très nombreux visiteurs adab arabi qadim dont je vous donne le lien :
http://adabarabiqadim.blogspot.com/
Enfin un grand bravo aux membres de l’association des amis de Médéa à leur tête le dynamique Président Kamel FERGANI qui ont veillé à l’organisation de cette agréable et enrichissante soirée culturelle animée par le Docteur Benbaba ali Saadane enfant chéri de la ville de Médéa.
Par Abdelkader TETA

Les anciens du collège Bencheneb s'organisent



Ils étaient là. Pas tous malheureusement mais une bonne partie des anciens élèves, jeunes filles et jeunes garçons à l'époque mais ayant rejoint aujourd'hui la catégorie du troisième âge, celle de la grande famille des retraités. Ces anciens élèves de ce mythique collège Bencheneb.
Une rencontre émouvante et pleine d'émotions que celle qui a regroupé, en cette matinée de jeudi dernier «Journée nationale de l'étudiant», tous ces anciens élèves venus de Laghouat, d'Alger, de Blida, de l'extrême ouest du pays, de Tipaza et bien sûr de l'ex-wilaya du Titteri dont la ville de Médéa était le chef-lieu et qui allait jusqu'à Boussaâda et M'sila, en passant par Djelfa. Tous ces anciens élèves de ce lycée Bencheneb qui a toujours été mixte jusqu'en juin 1964, pour garçons jusqu'au mois de juin 1966, pour devenir à partir de cette date un établissement pour jeunes filles. Un établissement portant le nom du premier docteur algérien en lettres françaises, Mohamed Bencheneb, né le mardi 26 octobre 1869 à Médéa, dans le petit quartier de Takbou, et décédé à Alger le mardi 05 février 1929.
«Ce lycée Bencheneb qui constituait véritablement un pôle de rayonnement intellectuel et de culture à l'échelle nationale». Comme a tenu à le rappeler le docteur Abderrahmane Korteby qui y a fait toutes ses études du secondaire. Une émouvante rencontre qui a été organisée conjointement par la direction de la Culture de la wilaya de Médéa et «l'Association les amis de la ville de Médéa». Elle a permis à tous ces anciens élèves de se remémorer les meilleurs souvenirs, visiter les salles de cours, l'amphithéâtre, le laboratoire, la salle de sports, la salle de dessin, le réfectoire pour ceux qui avaient fait l'internat ou la demi-pension, de rester admiratifs devant la cloche qui existe toujours et qui avaient bercé notre enfance, notre adolescence de lycéens. L'occasion aussi pour nous rappeler tous nos anciens professeurs, particulièrement les Algériens et enfants de Médéa comme les deux frères Medjadji (Abdelkader et Djelloul), Hacène Zemirline aujourd'hui décédés.
Comme nous nous sommes rappelés nos anciens proviseurs Bouzid, Abdi et Benterkia, également décédés aujourd'hui. L'occasion aussi et surtout de se souvenir, pour les plus âgés d'entre nous, de tous les anciens camarades qui avaient décidé, en ce jour historique du samedi 19 mai 1956, d'abandonner les bancs de ce lycée Bencheneb, appelé collège Bencheneb à l'époque, pour le maquis. Plus de 80 et parmi eux Lyès Imam, un crossman de renom qui avait battu un certain Michel Jazy, en France même, qui allait devenir champion olympique. Lyès Imam, dont l'OPOW de Médéa porte le nom aujourd'hui, qui est mort au champ d'honneur en 1958 et dont le groupe de commandos qu'il dirigeait porta son nom de guerre «Djamel», après son décès, jusqu'à l'indépendance. Plus de 80 lycéens «montés au maquis et morts en martyrs» à l'exception de cinq d'entre eux qui sont toujours en vie dont M. Bachir Rouis, ancien ministre.
«Des moments vraiment poignants et inoubliables, une émotion intense qui m'empêche presque de bien articuler mes mots, des moments qui me donnent la chair de poule dans ce mythique lycée Bencheneb où l'on constituait une véritable communauté d'esprit, une seule famille» dira, les larmes aux yeux, docteur Yamina Benhadji. L'occasion enfin, pour la première fois depuis 1966, pour tous les anciens élèves présents, que suivront certainement les absents à cette rencontre du souvenir, d'approuver à l'unanimité la proposition de création, le plus tôt possible, de «l'association des anciens élèves du lycée Bencheneb». Une rencontre dans l'intimité qui a pris fin avec une très sobre collation, dans une ambiance très conviviale, avec la promesse faite par tous d'être encore plus nombreux la prochaine fois.